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chapitre 41:  Déserteur ou ami?

La lumière de l'aube me réveilles, et je regarde autour de moi à moitié réveillée. Yamato et Naruto  dorment encore tous les deux... mais où est Sai? Puis ça me revient. Sai est parti. Pour combattre la tristesse qui revient à la charge, je me lève et je vais me laver. Je suis encore recouvertes de taches d'encre et de boue. Je crois que ma jupe est irrécupérable, l'encre de chine laissera inévitablement des traces sur le tissu clair. Et moi, est-ce que je suis récupérable? l'eau fraiche sur mon visage me fait du bien, de me changer, de me recoiffer aussi. Quand je me regardes dans la glace, je vois que je n'ai pas changé. Extérieurement, ça ne se voit pas. Naruto et Yamato ont fini par se lever aussi. Petit-déjeuner, puis  on se met en route vers le village, on marche sur la route... rien de plus banal, de plus quotidien. Des gestes qu'on répète quasiment tous les jours, par habitude. Tout est comme d'habitude... mais Sai n'est plus là, et pour moi, c'est un vide béant. Je ne pensais vraiment pas qu'il avait prit tant de place. Il m'a trahi. La vie quotidienne avance quand même.

Devant le bureau de Tsunade, Yamato raconte ce qui s'est passé rapidement, y compris la trahison de Sai. Tsunade me regarde, mais je détournes les yeux. C'est ce moment que choisit Danzo pour s'annoncer devant l'Hokage. Une fois n'est pas coutume, c'est Tsunade qui attaque la première: " Votre subordonné a rejoint les rangs d'Orochimaru et leur a remit des documents confidentiels. "
Ce vieux hiboux de Danzo a l'air satisfait, et je le vois me jetter un bref regard. c'est ça, moques toi de moi! Tu as gagné, je n'ai pas réussi à l'empêcher de partir. Tu es rassuré maintenant, ton petit Sai est loin de ma sale influence!
Danzo: " J'ai chargé Sai d'une mission particulière, pour la survie de Konoha."
Tsunade demande sèchement: " Sans me prévenir? Laquelle?"
Mais Danzo reste muet. Sans doute une mission que Tsunade n'aurait pas approuvé... ou pire... Une action dans le cadre d'une attaque potentielle contre Konoha... Après quelques secondes d'affrontement silencieux, l'hokage assène: " Inscrivez Sai sur la liste des déserteurs."

Mon coeur se glace. J'ai l'impression d'avoir gelé sur place.
Danzo essaye de contester: " Il n'a agit que sur ordre et pour le bien du village..."
Mais Tsunade n'en démord pas: "Il a désobéi à MES ordres et rejoint l'ennemi de son plein grè. Jusqu'à preuve du contraire, il sera considéré comme un traitre et un ennemi."
Sa voix me semble si dure...La voix de Naruto me fait sursauter: " Mais, Tsunade.."
Tsunade: " PAS DE DISCUSSION!!!"

J'ai du mal à garder ma contenance, et je profites que Naruto a l'air de vouloir contester pour l'attraper par le bras et le tirer hors du bureau. ça me donne un bon prétexte pour sortir moi-même, j'en ai besoin.  Ignorant ses protestations, je le tire de force jusqu'à une salle vide. J'ai besoin de m'isoler, d'être tranquille. Mais Naruto se plante en face de moi, visiblement énervé.
Naruto: " Sakura! Tu ne vas quand même pas les laisser dire que Sai est un traître sans réagir!?"
J'ai une soudaine envie de hurler non, mais à la place, je réponds: " C'est juste la vérité. Je ne peux pas aller contre ça."
Naruto: " Hoi! Sakura!! Tu l'aimes, oui ou non!?"
Il a l'air vraiment faché.
Sakura: " Oui, je... je l'aimais... et je croyais qu'il... mais, mais.... c'était un mensonge...et ..."
Naruto: " N'importe quoi Sakura! Je suis sur qu'il ne te mentait pas! Tu sais, j'avais rien compris pour toi, je savais pas que tu aimais Sai... je croyais que tu... mais bref, c'est pas ça l'important! L'important, c'est Sai! Je ne suis pas complètement aveugle, quand même! J'avais  bien repéré qu'il s'intéressait à toi depuis un moment, et ça m'énervait un peu. Je savais pas que c'était réciproque, c'est tout.... Enfin, bref, ce que je veux dire, c'est: Fait confiance à Sai, Sakura. "

Faire confiance à Sai... malgré tout...? Je baisses un peu la tête, je ne suis pas sure de vouloir lui faire confiance à nouveau, après ce qu'il m'a fait.
Naruto: " Sakura, ça ne te ressemble vraiment pas de baisser les bras aussi vite... "
Je sais, je suis assez nulle, dans toute cette histoire. Pas la peine d'en rajouter. Devant mon absence de réponse, Naruto a la délicatesse de me laisser seule.
En sortant de la salle, il pose une main sur mon épaule pour me secouer un peu et me dit: " Sakura, un ami reste toujours un ami."

Ces mots résonnent dans ma tête. un ami reste toujours un ami... un ami reste toujours un ami... La dernière fois que j'ai vu Sai, c'est ce qu'il m'avait dit, avec son visage lisse de poupée ne reflétant aucune émotion alors qu'il venait de me ligoter assez brutalement...
" Tu disais que même s'il trahit, un ami reste toujours un ami. Visiblement, ce n'est pas valable pour moi."
Ses doigts enfoncés dans mes joues me faisaient mal... ils étaient crispés, comme s'il n'arrivait pas à les contrôler... comme s'il transmettaient un message différent. Je me rappelles, c'est déjà arrivé qu'il me fasse mal en me tenant, sans le vouloir. Dans ces moments-là aussi, son visage perdait toute expression, seul la violence de sa prise exprimait son émotion. Une émotion inconnue qu'il essayait de contrôler et de réprimer.
" Tu disais que même s'il trahit, un ami reste toujours un ami. Visiblement, ce n'est pas valable pour moi."
A ce moment-là, lui aussi était en colère, n'est-ce pas? Qu'est-ce qu'il attendait comme réaction de ma part?  C'est vrai, j'ai été la première à l'appeler... traître. En contradiction totale avec tout ce que j'ai pu dire au sujet de Sasuke, j'ai hurlé à Sai qu'il était un traître sans même lui laisser la moindre chance.  Il était déçu? Est-ce qu'il voulait que je lui pardonne? que je comprennes? que j'accepte son départ?.... que je lui dises que je l'aimes quand même?

Est-ce que je l'aimes quand même? A peine la question est-elle posée que je sais déjà la réponse. Oui, je l'aimes toujours. Je ne penses qu'à lui, tout le temps. Mais la vraie question, c'est... Est-ce que je peux encore lui dire que je l'aimes? Est-ce que j'arriverais à lui dévoiler encore mon petit coeur si blessé? Est-ce que je suis prête à lui refaire confiance et à recommencer une relation avec lui? Même si je le revoyais, maintenant, ce ne serait plus pareil... Je ne sais plus quoi faire. Je veux le revoir, mais j'ai aussi peur de le revoir.

Je finis par rentrer chez moi pour mon petit rituel de retour de misson: un bon bain. Je rajoutes même du bain moussant pour me remonter le moral. Puis une fois propre et détendue, je ranges mes affaires... disons que je vide la quasi-totalité de mon sac dans le lave-linge, et que je ranges ce qui ne passe pas à la machine. Comme le livre de Sai.  C'est comme un petit morceau de lui qu'il a laissé là, n'est-ce pas? Je le serre dans mes mains comme un trésor, la tristesse de nouveau menaçant de déborder. Sai... Il m'a abandonné, mais... je veux le revoir. Je veux le revoir, je veux lui parler... Même si j'ai peur, même si j'ai mal, oui, je veux le revoir. Armée de ma nouvelle résolution, je ressors et je pars à la recherche de Naruto, que je trouves évidemment en train de se goinfrer de ramen... avec Kakashi?
 Kakashi: " Tiens? salut, Sakura, Naruto me racontait votre mission. Je suis épaté, c'est au moins la deuxième fois que vous faites face à Orochimaru, et vous êtes encore en vie! Il m'a aussi expliqué, pour Sai..... Hmm, tu sais Sakura, c'est vrai que tu n'as pas encore beaucoup de poitrine, mais rassures-toi, tu en a plus qu'Orochimaru, c'est un bonne raison pour que Sai revienne. "
Comment ça, pas beaucoup de poitrine?!!!!! Kakashi me voyant foncer sur lui le poing levé préfère s'évanouir dans un nuage de fumée, du coup je me venges sur Naruto. J'ai bien vu qu'il essayait de réprimer un fou rire. Et finalement, il explose et Naruto se met à se tordre de rire. Je le rejoins bientôt dans la crise, rien qu'en imaginant Orochimaru avec une paire de Wonderbra. Au lieu de m'enfoncer dans le désespoir, les commentaires stupides de Kakashi m'ont fait du bien.
Je dis à Naruto: "Tu as raison, ce n'est pas le moment de déclarer forfait. On va le retrouver, lui aussi!"
Menaçant le ciel de notre poing, Naruto et moi, nous lançons un défi à la malchance qui nous poursuit: " Sai et Sasuke, vous allez voir! On ne vous laissera pas vous échapper!"

Chapitre 42: Suivons les pas d'un déserteur.

Quittons Sakura quelques temps, pour suivre les pas de Sai qui vient de partir, laissant derrière lui une certaine fille au cheveux roses ligotée à un arbre.  Tranquillement, il s'avance au le centre d'un cratère de terre encore fumante, vers la personne qui se trouve au milieu. Orochimaru, l'homme-serpent, le pire ennemi de Konoha... disons même un dangereux mégalomane. En apparence, Sai est calme et détendu. Mais comme il a fait un clone pour se présenter, et que lui même s'est dissimulé dans son ombre, on se doute bien qu'il n'est pas aussi rassuré qu'il en a l'air. Ce n'est jamais facile de se présenter face à un tel danger.

Orochimaru n'est évidement pas dupe, et Sai est vite obligé de sortir lui-même pour transmettre le message de Danzo. A-t-il eut peur quand il a vu son clone se faire transpercer sans avoir même le temps de se défendre? Il ne le laisse pas voir, sauf que son sourire artificiel a disparu, son visage est redevenu lisse et inexpressif. Il a sans doute compris que ce n'était pas la peine d'essayer de duper ce vieux serpent.
Orochimaru: " Pour quelle raison devrais-je te faire confiance?"

Quand un ancien ennemi cherche à s'allier, c'est normal d'offrir des garanties de sa bonne foi. C'est pour ça que Sai doit donner à Orochimaru la liste des Anbus, la liste dans l'enveloppe, celle que Sakura avait vue, celle qu'il avait dans son sac lors de cette mission, après avoir dit à Sakura qu'il ne l'avait plus.
Kabuto trop zélé a mal interprété le geste de Sai fouillant dans son sac, et il a plaqué violemment le jeune homme à terre, prêt à l'égorger sur-le-champ au besoin. Les affaires de Sai se sont éparpillées à terre, mais il n'y a pas fait attention, ne se concentrant que sur l'enveloppe pour Orochimaru.

Est-il courageux, ou juste inconscient du danger? Sai reste impassible, à plat ventre dans la boue, toujours maintenu par Kabuto. Après avoir ouvert l'enveloppe, Orochimaru finit par accepter Sai sous ses ordres,et Kabuto le lâche. Mais Sai ne ramasse pas ses affaires. Il les a oublié? Ou alors il n'ose pas? Toujours est-il qu'il suit docilement son nouveau maître en laissant derrière lui un de ses biens le plus précieux. Et deux amis. Courant à la suite de Kabuto et Orochimaru, Sai a-t-il une pensée pour Sakura? c'est impossible à dire juste en observant son visage. Qu'a-t-il ressenti quand elle a crié "sale traître!" ? Qu'a-t-il ressenti quand il l'a laissé derrière lui? On ne saurait le dire. Sai garde ses sentiments bien enfouis à l'intérieur de lui, étouffés.

Le petit groupe de traîtres a eut du mal à semer les Ninjas de Konoha à leur suite, mais ils ont fini par y arriver. Imperturbable, Sai écoute Kabuto parler avec Orochimaru au sujet du chemin à prendre. Lui même n'intervient pas. Un subordonné n'a pas à intervenir si on ne lui demande pas. Sai est discipliné. Il suit en silence tous les ordres qu'on lui donne.
A la suite d'Orochimaru et Kabuto, il s'engouffre dans les couloirs d'un complexe souterrain proche de l'embouchure du fleuve, leur repaire actuel. Dans un grand hall sombre, un jeune homme les attend, visiblement impatient, presque insolent quand il parle à celui qui devrait être son maitre. Les yeux noirs de Sai croisent brièvement des pupilles rouges, ça ne peut être que Sasuke Uchiwa, n'est-ce pas? Une certaine tension apparait sur le visage de Sai, et il regarde Sasuke avec intensité. C'est rare chez lui. Quel interêt  Sasuke a-t-il aux yeux de Sai?

Orochimaru a l'air de s'amuser à présenter Sai à son petit protégé: " Je t'ai ramené un petit cadeau, regarde. Ce jeune vient du même village que toi, vous allez pouvoir évoquer de vieux souvenirs tous les deux."
Puisqu'il a été correctement introduit, Sai peut s'avancer dans une tentative de communication. Il affiche son sourire le plus travaillé pour se présenter- après tout, ça avait bien marché avec Sakura et Naruto-: " Bonjour, je m'appelle Sai..."
Mais Sasuke n'est pas d'humeur communicative: " Dégage."

Encore raté, Sai, tes faux sourires n'arrivent à attendrir que Sakura, en fait, tu le réalises? Sai ne se laisse pas démonter, et il a un petit sourire (cette fois, un vrai) ironique.  Il aime bien taquiner les gens, même si parfois les réactions sont un peu violentes. Et Sasuke n'échappera pas aux petites piques que Sai peut lancer.
Sai: " Je suis le troisième membre de la team Kakashi. Je t'ai remplacé."
Il l'a fait exprès, n'est-ce pas, de dire... "remplacé"... Les yeux de Sasuke se plissent comme ceux d'un fauve prêt à bondir. Sai aurait-il réussi à le provoquer?
Sai: " Naruto et Sakura m'ont beaucoup parlé de toi. Il parait que tu as un mauvais caractère. "
Les yeux rouges s'ouvrent grand et les jambes de Sai le lâchent. Il tombe à genoux sur le sol, trempé de sueur et un peu tremblant. Il a sans doute ressentit de la peur. C'est dangereux de s'attaquer à un fauve enragé, Sai.

 Kabuto gronde contre Sasuke, qui part brusquement comme le ferait un enfant capricieux. Quand il se relève, Sai a retrouvé son visage calme et impassible habituel. Est-il content de lui? Ou est-il inquiet de la réaction de Sasuke?
Orochimaru: " F    ais attention à ne pas trop embêter Sasuke, il a véritablement un caractère épouvantable. Kabuto, je met celui-là à ta disposition. Et occupe toi de ça."
Après avoir tendu l'enveloppe à Kabuto, Orochimaru aussi disparait. Kabuto fait signe à Sai de le suivre dans un couloir latéral et ils sortent tous les deux à leur tour de la salle.

Des portes s'alignent les unes après les autres dans les coulors, et Kabuto finit par en désigner une à Sai: " C'est ta chambre. Jusqu'à ce que j'ai besoin de toi, tu resteras tranquillement ici."
Sans discuter, Sai entre dans la pièce désignée, et Kabuto part s'occuper des dossiers des Anbus... en fermant à clé derrière lui. ça n'a pas l'air de perturber Sai qui commence à s'installer. Assis sur le lit, il sort ses affaires de son sac, et se trouble soudain. Il fouille avec attention dans les poches du sac à dos, puis il réalises, et son visage a l'air triste tout à coup. Il a perdu son livre. Il doit sans doute avoir compris qu'il est resté par terre, dans la boue, au milieu du champ de bataille. Il se doute bien qu'il ne le retrouvera plus, ce livre qu'il ne quittait jamais.
De nouveau, l'inquiétude traverse son visage et il renverse tout le contenu de son sac devant lui, après quelques tatonnement, il finit par mettre la main sur un petit rouleau. Visiblement, c'est une peinture. Un sourire nait presque sur son visage quand il regarde  le rouleau, mais au moment de l'ouvrir, il se fige, prend un air contrarié et ranges de nouveau le rouleau au fond du sac, d'un geste presque rageur.

 Eh bien, Sai, quel est ce dessin qui te met ainsi en colère? ça se voit, que tu es en colère, tu sais. Quand tu prends tes pinceaux et que tu dessines des souris sur la feuille devant toi, on voit à ton mouvement de pinceau que tu es agité. D'ailleurs, tu as raté un dessin. Le justu d'animation des peintures est réussi, par contre, et les petits rongeurs d'encre noires se glissent sous la porte. Puis après une longue concentration, tu arrêtes ton justu et tu griffones quelques notes sur un cahier. Mais tu as toujours l'air aussi irrité, de t'occuper ne t'as pas permis de soulager tes pensées. Hein, Sai?
 
Sai finit par s'étendre sur le lit avec un soupir, fixant le plafond au-dessus de lui. Quelles pensées s'agitent dans sa tête? Une  ombre se profile devant la porte, et Sai se relève. As-tu besoin de lui? Mais c'est Sasuke qui ouvre la porte, découvrant son visage d'impassibilité boudeuse en pleine lumière. Un peu surpris, Sai a ensuite un petit sourire et il se lève pour accueillir ce visiteur inattendu. Sasuke n'est pas la pour une visite de courtoisie, clairement, et il demande d'une voix acide: " Tu cherches quoi en me provoquant?"
Sai: " Je ne te provoques pas. Naruto et Sakura m'ont tellement parlé de toi que je voulais te rencontrer en vrai."
Ironie ou sincérité?

Comme Sasuke ne répond rien, Sai peut continuer à parler tranquillement( ce qui arrivait rarement avec Sakura et Naruto): "Tu es leur principal soucis, surtout pour Naruto. Il te cherche depuis trois ans sans relâche. "
Sasuke: " Vraiment...? Quel idiot."
Sai: " Ah? Et moi qui croyait que tu étais son ami..."
Sasuke: " Ce n'est pas mon ami."
Et il part, en refermant à clé derrière lui. Sai retourne s'asseoir sur le lit, visiblement pensif. Ses yeux se dirigent vers son sac à dos, et presque à regret, il en sort deux parchemins. Les deux parchemins correctement assemblés font apparaitre un petit livret noir que Sai feuillette. Puis il s'allonge sur le lit, fixant des yeux la dernière page, toujours pensif. Ce livre est la liste de ses assassinats. Prochaine cible, Sasuke Uchiwa.

Chapitre 43: Pensées pour un absent, pensées pour une absente

---------- POV Sakura ---------

Il me manque. Sai me manque.

Je ne saurais pas dire ce qui me fait le plus mal: qu'il m'ait abandonnée, ou qu'il ne soit plus là. Je voudrais tant le revoir. Mais il ne faut pas croire que je lui ai pardonné pour autant. Comment le pourrais-je, alors que le souvenir de sa trahison est encore brûlant dans ma mémoire? Je veux juste le revoir, lui parler... essayer de comprendre... Je n'ai pas la moindre idée de ce qui se passera après, si je revois Sai. Peut-on encore être ensemble? Peut-on de nouveau se faire confiance? Déjà, dès le départ, est-ce que pour lui... je comptais vraiment? Où est-ce qu'il essayait simplement de sortir avec une fille, pour savoir ce que c'est...? Je ne sais pas. Naruto a beau dire, je ne suis pas sure que l'intérêt qu'il avait pour moi soit de l'amour. Je le croyais, mais je ne sais plus.

Sai, qu'est-ce que tu penses, qu'est-ce que tu deviens? Si je veux des réponses, il faut que je te retrouves, avant tout.

Je te cherches, je te cherches, mais je ne te trouves pas. Et j'ai du mal à lutter contre le désespoir. Plus le temps passe sans avoir la moindre nouvelle, plus j'ai l'impression de m'enfoncer. Tu me manques, Sai. Je n'accomplis plus mon travail de Ninjas que comme un automate, actuellement, sauf quand il s'agit d'enquêter sur une piste qui pourraient me mener à toi. Là, je me donnes à fond, mais à chaque fois, je me heurte à un mur, et je suis déçue. Je comprends maintenant pourquoi les Roots interdisent aux leurs d'avoir des sentiments, des émotions... c'est pour les empêcher de souffrir autant. Après tout, c'est tellement plus facile d'être un automate, une poupée vide et inexpressive, n'est-ce pas? Est-ce que je pourrais être une aussi jolie poupée que toi? Je ne crois pas. Je serais une poupée garçon manquée... ça me fait sourire malgré moi, un joli petit couple de poupée... et pleurer à la fois.

Non, même si actuellement, je souffres, je ne veux pas renoncer à mes sentiments, à mes émotions... à ma vie. Je ne veux pas renoncer à toi. Je tiendrais le coup, j'y arriverais. Je veux y arriver. Et puis, je ne suis pas seule. Naruto me soutient, Kakashi, et même Yamato me remontent le moral quand je suis trop déprimée. Et Ino aussi. J'ai été surprise. un jour, peu après ton départ, elle a débarquée chez moi avec un gateau au chocolat et ses produits de beauté. Et on s'est fait une petite soirée entre filles, à parler de nos problèmes de coeur et se goinfrer de sucreries. Et elle en a profité pour arranger ma coupe de cheveux. Ino a bien racourci derrière, et elle a donné un joli mouvement à mes mèches toutes raides sur le devant. ça ne changes pas radicalement, mais il parait que je suis très mignonne J'aimerais t'entendre me dire ça, Sai. Je sais que de ta part, ce serait sincère.

La nouvelle de ta trahison s'est propagée rapidement dans le village, en fait. Tout le monde est plus ou moins au courant, car tout ce qui concerne la bande à Orochimaru est une préoccupation pour tout le village. C'est notre ennemi, à nous, Ninjas, mais aussi à tous les habitants, qu'ils soient marchands ou militaires, enfants ou vieillards. C'est une menace que personne n'oublie. Même les gens très loin sont au courants, comme l'équipe de Gai, qui est en mission longue au pays de la Terre. C'est Ino qui m'a raconté pourquoi: Gai a emmené son équipe loin pour changer les idées à Lee qui broyait vraiment du noir. Pauvre Lee. Il a été amoureux de moi pendant si longtemps, sans que je ne puisse jamais lui retourner son amour. Je me sens un peu coupable, mais, après tout, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux. Moi aussi, je suis amoureuse de quelqu'un qui me fait souffrir. De toi. Mais aussi de quelqu'un avec qui j'étais heureuse. De toi, Sai.
Ce qui me surprend, c'est que Lee a fini par vraiment réaliser que je ne pourrais pas lui rendre son amour, jamais. Il en a prit conscience, alors qu'autrefois, il savait bien que j'étais amoureuse de Sasuke et ça ne l'avait pas empêché de me faire une cour passionnée. Je crois que je vais lui écrire une lettre, pour m'excuser et lui expliquer. Je lui doit bien ça, à Lee.

Sai, tu sais, tout le monde n'est pas aussi compréhensif et amical que Naruto. Depuis ta trahison, depuis que le bruit a couru qu'on était ensemble, j'entends parfois des remarques désagréables dans mon dos. Je suis "la petite amie d'un traître", et en plus, je suis récidiviste. Bon, pas la peine de rappeler à ces gens que je ne suis jamais sorti avec Sasuke... ils ne m'écouteraient pas. Il se méfieraient de moi, ils ne me croiraient pas. Le féminin de traître, c'est traitresse, n'est-ce pas? Ce n'est pas drôle à entendre tous les jours, mais ça fait encore quelques chose qui nous lie, tous les deux, Sai. On parle mal de nous. Heureusement, j'ai toujours la confiance de l'Hokage. Elle n'était même pas trop fachée contre moi. Contre toi, elle est doublement furieuse, par contre. Furieuse que tu l'ai trahie, elle. Et furieuse que tu m'ai trahie, moi. Elle est presque encore plus en colère que moi à ce sujet! Il y a des jours ou je suis de mauvaise humeur, et où j'ai envie de te revoir juste pour pouvoir te mettre une baffe. Et il y a des jours où j'ai envie de te revoir rien que pour pouvoir me jeter dans tes bras. C'est très étrange.

Sai, où es-tu?

---------- POV observateur ---------

Ha, Sakura, nous on sait où est Sai, maintenant. Et tu serais assez surprise de savoir où il est, en fait. Mais je ne peux pas te le dire. Orochimaru et ses hommes viennent de changer de planque, et Sai est en train de s'installer dans une nouvelle chambre.

Depuis peu, sa porte n'est plus fermée à clé de l'extérieur, mais Sai n'est pas censé sortir du repère sans autorisation. Il n'est pas sorti du tout, d'ailleurs. Kabuto l'a employé uniquement sur des travaux à l'intérieur de la planque. Il ne lui fait pas assez confiance pour le laisser sortir. Mais les petits animaux d'encre noire dessinés par Sai, eux, sont sortis. Il y a une deuxième personne qui ne fait pas confiance à Sai. Sasuke. Tu en faisant mine de ne pas être intéressé par notre jeune artiste, Sasuke trouve quand même moyen de le croiser assez souvent, et d'échanger quelques mots de temps en temps. Le plus souvent, ça se résume à un échange du type.
Sai: " Bonjour Sasuke."
Sasuke: "......."

Mais de temps en temps, les deux garçons aux cheveux noirs ont une conversation un peu plus développée. Souvent, Sai parle de la team Kakashi, racontant  ses prises de becs avec Naruto, la tyrannie de Sakura, mais aussi leur travail d'équipe efficace, et leurs missions les plus réussies. Le fait-il exprès? Sai parle beaucoup de Sakura -sans jamais mentionner leur ancienne relation, certes- et de leur efficacité à travailler tous les deux. Et quand Sai s'embarque sur le sujet Sakura, en général, Sasuke se tait complètement.

D'accord, C'est vrai, Sasuke parle peu à la base, et rarement de manière aimable. ça se voit qu'il a été trop gaté par Orochimaru, il est très insolent. Très caractériel aussi, c'est sans doute pour ça que Sai essaye de le taquiner de temps en temps. C'est tellement amusant, les gens qui réagissent. C'est risqué, aussi. Mais peut-être Sasuke est-il un peu nostalgique de son ancien village, puisqu'il écoute Sai lui parler de Konoha sans lui arracher la tête pour les " Monsieur le futur corps d'Orochimaru", " diva ", " ex-troisième membre de la team", " chien de race" qui ponctuent régulièrement les récits.

Pendant le voyage pour changer de repère, c'est Sasuke a été chargé de surveiller Sai, tâche dont il s'est acquitté avec zèle.
Sai: " C'est rare que tu fasses ce que ton maître te demandes sans râler comme un putois, Sasuke."
Sasuke: " Ce n'est pas mon maître."
Sai: " Pourtant, tu es son précieux petit chien de race. Tu n'as pas mis ta laisse pour sortir aujourd'hui?"
Sasuke foudroie de son regard rouge son irritant compagnon de route, mais Sai a prit soin de détourner ses yeux des visions cauchemardesque du Sharingan. Après quelques temps de silence, Sasuke finit par dire: " J'ai décidé de m'allier à Orochimaru pour atteindre le seul objectif de ma vie."
Sai: " J'ai entendu l'histoire... Tu es trop passionné pour être un bon Ninja."
Sasuke: " Je ne suis plus un Ninjas. Je suis un Vengeur."

Arrivés au nouveau repère, Sasuke est parti de son coté sans un mot, et Sai est parti se chercher une chambre pratique. Il n'y avait pas assez de lumière dans sa chambre précédente, c'était gênant pour dessiner. Sai a fini par se trouver une chambre à son gout et il commence à  sortir sur la table ses affaires de dessin. Un petit rouleau de peinture roule sur la table et Sai le rattrape de  justesse avant qu'il ne tombe. Pensif, il regarde le rouleau. Le premier jour de son arrivé, il l'a enfoui rageusement au fond de son sac, mais aujourd'hui.... Avec un air un peu mélancolique, il le déroule avec précaution. C'est une peinture de Sakura, nue, endormie, à l'encre de chine sur un papier fin. Sai regarde le dessin, et un sourire  apparait sur ses lèvres. Après avoir regardé longtemps le dessin, il finit par le suspendre au mur, dans l'angle mort de la porte. Puis il s'assoit sur son lit. Il peut voir le dessin de là. Finalement, le mur lisse à coté du lit attire son regard. Prenant son pinceau, il dessine à grands traits un visage souriant sur la surface pierreuse. Le visage de Sakura. Sai, tu penses à elle, visiblement.  Mais si tu as trahi, tu sais que tu ne la reverras pas... ou alors que comme ennemie. Tu ne penses quand même pas qu'elle trahirait à son tour pour te rejoindre?  Ce ne serait pas digne d'elle, n'est-ce pas? Mais toi, Sai, as-tu vraiment trahi?

Un bruit à peine audible et Sai sursaute. Contempler le visage de Sakura l'absorbait-il au point qu'il s'est laissé surprendre? Il faut le croire, Sasuke est entré dans la chambre sans que Sai ne l'entende arriver. Sasuke fixe longuement le visage de Sakura peint sur le mur, et Sai n'a pas l'air très à l'aise. Aurais-tu quelque chose à cacher Sai? Mais Sasuke se contente de regarder le dessin sans rien dire, sans rien laisser paraître. Puis il se retourne pour repartir. Et là, il voit l'autre dessin, Sakura étalée nue sur le papier. Le temps de comprendre,  sa réaction est immédiate.

Sasuke bondit sur Sai, le prenant à la gorge et le planquant au mur. Les yeux rouges tourbillonnants s'opposent au noir calme des pupilles de Sai. Calme, mais pas complètement rassuré non plus. D'une voix menaçante, Sasuke gronde: " Qu'est-ce que tu as fait à Sakura?"
Sai: " Je l'ai dessinée en train de dormir, c'est tout."
Sasuke: " Quand?"
Comme la prise de Sasuke se resserre sur le cou de Sai, celui-ci consent à donner une information supplémentaire: " Un jour où elle est resté dormir chez moi. C'est ma petite amie."
Sasuke a l'air d'enregistrer l'information et se main se fige. Sai pousse son avantage: " Elle a trouvé ce dessin très réussi. C'est elle qui a trouvé le titre, regarde, il est marqué en bas."
Les yeux rouges de Sasuke se tournent doucement vers le dessin. En bas, il y a écrit "Simplement Sakura". La tension dans les bras de Sasuke est maintenant complètement relâchée et Sai se dégage tranquillement, avec un petit sourire content.
Sai: " Elle est belle, n'est-ce pas?"
La tête de Sasuke se tourne brutalement de nouveau vers lui, ses yeux brûlants de rage. Mais Sai, inconscient du danger, ou juste téméraire, continu à l'aiguillonner.
Sai: " Il n'y a pas de quoi être jaloux, non? Elle m'a dit que tu l'avais repoussée, autrefois. Rien ne s'oppose à ce qu'on sorte ensemble."
Sai se garde bien de dire que, justement, Naruto n'était pas d'accord. Sasuke a l'air presque hébété, il ne regarde même plus ni Sai, ni le dessin. Sai veut un peu enfoncer le clou, c'est son erreur.
Sai: " Tu as toi-même choisi de partir. C'est normal que ceux qui soient restés refassent leur vie."
la réplique cingle: " Toi aussi, tu es parti, je te rappelles."
Le sourire de Sai disparait. Tu sais bien que tu es parti, toi aussi, Sai, et que peut-être... elle t'oubliera aussi. Sasuke semble un peu renforcé par cette petite victoire et il sort sans rien ajouter de plus.

---------- fin du POV observateur ---------

Chapitre 44: L'amour n'est pas raisonnable.

Toujours aucune piste, aucune nouvelle. On n'arrive pas à remettre la main sur Orochimaru et sa bande. Et l'absence de Sai est toujours aussi difficile à supporter pour moi. Je veux le revoir, je veux le revoir, plus rien ne compte pour moi à part ça.
Tsunade: " Sakura, soit raisonnable. Nous devons aussi traiter la menace de l'Akatsuki, actuellement. Ils ont recommencé à bouger, et nous ne pouvons pas mobiliser d'avantage de troupes sur Orochimaru. "
Je sais bien. Je dois être professionnelle et ne pas me laisser mener uniquement par mes émotions. Je suis la personne la plus raisonnable de l'équipe, normalement, celle qui a les pieds sur terre, celle qui est la plus disciplinée.... Mais là, je n'en peux plus. Pourquoi je devrais la être la seule à devoir rester raisonnable?
Tsunade: " Sakura..."
Je prends ma décision.
Sakura: " Hokage, je voudrais prendre quelques jours de congés."
Tsunade a l'air surprise, elle s'attendait sans doute à ce que je conteste le redéploiement de notre équipe sur une autre mission importante.
Sakura: " Je suis... fatiguée. ça fait longtemps que j'enchaîne les missions sans quasiment prendre de repos. Je voudrais faire une petite pause. être un peu tranquille... avoir le temps de réfléchir un peu, de faire le point. "
Tsunade: " ... d'accord, je t'accordes trois jours. Mais pas de folie, Sakura. Je te gardes à l'oeil."

Je m'en doute bien, elle ne va pas me laisser faire n'importe quoi pendant mes trois jours. Mais il faut que j'arrives à me débarrasser de la surveillance des Anbus.  Et pas seulement la surveillance des Anbus, celle des Roots aussi. Ils ne me lâchent pas, malgré notre séparation, à Sai et moi. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose chez les Roots, Tsunade a l'air tendue sur le sujet. Le vieux Danzo lui cause pas mal de difficultés lors des Conseils de Village. Mais actuellement, je suis incapable de m'intéresser à ces problèmes politiques. Je ne m'intéresse qu'à Sai. C'est fou, je sais. Mais si je veux faire des folies, je peux compter sur un allié: Naruto. Je passe chez lui pour le prévenir que je partais en congé, et pour lui parler discrètement de mes projets. Evidemment, il a accepté de m'aider, même si ce que je veux faire est complètement stupide, et parfaitement imprudent.

Je n'ai pas une seconde à perdre. Il faut que je réussisses du premier coup, dès ce soir. La journée est presque finie, ma tendance naturelle aurait été de rentrer chez moi préparer mes affaires soigneusement, me coucher tôt pour partir tôt demain. Du coup, je suis sure que les Anbus ne me lâcheront plus des yeux dès demain... mais ce soir, c'est juste la surveillance ordinaire des Roots et des Anbus de guet. C'est ma seule chance. Il faut que je partes maintenant pour leur échapper.

Naruto et moi, nous partons tous les deux vers le restaurant Ichiraku, tranquillement. Je ne portes que ma sacoche et mes armes de base, je ne suis clairement pas équipée pour faire un voyage. C'est un atout supplémentaire pour tromper Roots et Anbus. Personne ne s'attend à ce que j'agisse d'une manière aussi inconsciente. 

Un Genjutsu, une bombe de fumée pour nous dissimuler,instantanément, Naruto se clone et se transforme, moi aussi. Puis Naruto fait mine de s'enfuir avec un de ses clones transformés vers la porte. D'autres versions de la paire Naruto/ Sakura partent dans d'autres directions, quelques clones de moi se cachent, d'autres partent de leur coté. Le vrai moi, transformé aussi, part non loin derrière le vrai Naruto et une fausse Sakura. Evidement, les Anbus interceptent Naruto et l'autre "moi", alors que les Roots suivent un de mes clones isolés. Profitant du fait que les Anbus croient m'avoir effectivement rattrapé, sans compter la résistance de Naruto qui les occupe bien, je peux me faufiler à l'extérieur du village et je m'enfonce rapidement dans la forêt. Si tout se passe bien, le clone de Naruto va jouer mon rôle le plus longtemps possible. S'il n'est pas détruit, Naruto va pouvoir le tenir toute la soirée, ça me laisse un peu d'avance mais pas suffisamment pour traîner. Heureusement, j'ai quelques pilules énergétiques pour tenir le rythme de ma course jusqu'à mon objectif. 

Après une courses effrénée qui a durée toute la nuit, je vois se profiler le troisième sommet du massif Hiyama à la lumière naissante du jour. Ce massif fait affluer encore une vague de souvenir en moi. C'était notre mission rien que tous les deux, nous avions cartographié tout le réseau de gallerie souterraines qui s'étend sous ces montagnes. Je m'en souviens encore par coeur. Je sais que c'est stupide, je sais que des Ninjas passent régulièrement pour vérifier que personne n'est venu s'installer dedans, je sais que le rapport de la semaine dernière disait: rien à signaler. Je le sais. Je le vois bien moi-même, que pas un gramme de la terre qui dissimule l'entrée n'a bougé. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Je veux entrer dedans, je veux voir à l'intérieur si par chance, par miracle... il n'y aurait pas Sai. C'est ma seule chance, ma seule piste. Le seul endroit qu'on connait qui pourrait peut-être, éventuellement, avec de la chance... être un des repères d'Orochimaru. Je sais que c'est complètement idiot, complètement irrationnel, que je vais sûrement être déçue, encore une fois.... Mais je veux chercher Sai là-dedans.

Je passe les entrées principales et je contournes tout le massif montagneux à la recherche de la sortie de secours des galeries. Pareil, ici, tout est intact. La fatigue me contraint à faire une petite pause, et j'avales une autre pilule énergétique. C'est la limite que je ne peux pas dépasser sans me mettre en danger. Une fois remise en forme par la drogue, je peux m'approcher du rocher qui dissimule cet accès aux souterrains, avec prudence. A la différence des autres accès, celui-là n'est pas dissimulé sous une couche de terre, il a juste la forme d'un gros rocher tombé de la falaise, gardé par des sceaux et des pièges que je connais par coeur. Il me suffit de les désactiver pour entrer dans la galerie. Je refermes le passage derrière moi, plongeant le souterrains à nouveau dans l'obscurité. Plongé dans le noir le plus total, ce n'est pas la peine d'espérer voir quelque chose. Je ne peux me fier qu'à ma connaissance des galeries et mes autres sens. Lentement, à l'aveugle, je progresses dans le labyrinthe vers les salles les plus grandes. Si quelqu'un habite ici, ces salles seront sans doute utilisées. Mes oreilles aux aguets percoivent un tout petit bruit, à peine perceptible, et je me figes sur place pour écouter.  On dirait un petit trottinement, qui se dirige vers moi. Me guidant sur le bruit, je réussis à attraper dans mes mains son origine, mais la... chose... se liquéfie dans mes mains. Je sens le liquide qui coule sur mes doigts, et j'ai l'impression que mon coeur explose en reconnaissant l'odeur. C'est l'odeur de l'encre. Je viens d'écraser un animal en encre..... Sai, Sai.... Sai est sûrement là!!

Sous le coup de l'émotion, aggravée par la fatigue, je me mets à trembler et mes jambes me lâchent, mon coeur battant frénétiquement dans mes oreilles. Sai.... j'ai retrouvé la trace de Sai. Il est là!  J'avais raison d'espérer! Sai est....
Orochimaru. Comme une véritable douche froide, cette pensée inonde ma tête, comme un réflexe de survie. Je commences à réflechir à une vitesse folle. Orochimaru et sa bande sont dans ses souterrains actuellement. Tout près du village. Je suis au milieu des souterrains occupé par Orochimaru. Danger mortel. je dois prévenir l'hokage. D'un bond, je suis sur mes jambes et je rebrousses chemin en courant. Sai a du s'apercevoir que son animal avait été détruit. Je vais être repérée, je dois me sauver à tout prix. Je dois prévenir l'Hokage. Toute idée de revoir Sai a disparu face à la nécessité de retourner à Konoha au plus vite.

Mes yeux accoutumés à l'obscurité voient une très faible lueur commencer à miroiter sur les mur, j'entends un léger bruit de course derrière moi. Je suis poursuivie, je suis repérée. Sans me retourner, je continues à courir. Il faut que je sortes d'ici! La lueur dansante sur les mur s'est rapprochée et gagnes du terrain. Mes jambes sont lourdes, la pilule énergétique ne fait presque plus effet. Je n'ai pas le choix, je dois en prendre une autre. Tant pis pour les risques sur ma santé. Je n'ai pas d'autre choix. Au moment ou je veux avaler la pilule, un bruit de glissement déclenche un réflexe de saut dans mes jambes, et j'esquive de justesse l'étreinte d'un serpent d'encre noire, qui se dissous quand je l'écrases en retombant dessus. J'ai lâché la pilule sous le choc.  Sai... c'est Sai qui est à ma poursuite... c'est ... c'est trop horrible! Il n'est pas loin derrière moi, il suffirait que je me retournes pour le voir. Mais je ne peux pas, je perdrais de précieuses secondes, nécessaires à ma survie. Alors que je voulais tant le revoir.... je ne peux pas. Je ne voulais pas le revoir comme ça, j'espérais qu'on ne serait pas comme des ennemis....

 J'esquive encore un autre serpent. à force de me faire avoir, j'ai commencé à savoir anticiper ces adorables petites bêtes d'encre noire. Encore un glissement, mais au moment ou je sautes, une douleur fulgurante dans ma jambe la fige  et l'encre du serpent se resserre autour de mes jambes alors que je tombes à terre. J'arrache  le kunai planté dans ma jambe et je m'en sert pour couper les liens, mais trop tard. Sai s'abat sur moi et me plaque au sol, son sabre appuyé contre ma gorge. La faible lueur de la lampe accrochée à sa ceinture danse dans ses yeux noirs et fait ressortir les reliefs de son visage inexpressif. Il ne dit rien, il ne bouge pas, son genoux appuyé sou mon ventre, sa main tenant le sabre fermement contre ma carotide. Mais il ne dit rien, il ne bouge pas. Je sens que mes forces me trahissent, la drogue a cessé d'agir. Mon souffle court me permet à peine d'articuler: " Sa..i..."
Il met son doigt  devant sa bouche, m'intimant le silence, sans décrocher son regard du mien. Les reflets de lumière dans ses yeux sont vraiments magnifique.  Je me sens de plus en plus lointaine. Le sang coule abondamment de ma blessure à la jambe. Il ne m'a pas loupée. Et son poids m'empêche de respirer convenablement. Mon corps finit par lâcher prise, et ma conscience s'enfonce brusquement dans l'obscurité.

Chapitre 45: Réveil dans l'antre du Serpent

"Sakura..."
Quelle est cette voix qui essaye de déranger? J'ai l'impression de nager dans le brouillard.
"Sakura..."
Tant bien que mal, j'essayes de me réveiller. Mais l'engourdissement et la douleur sourde qui résonne dans ma tête me décourage et j'arrêtes de lutter.
"Sakura..."
Je veux dormir, la voix. Laisse moi tranquille. Un contact chaud sur mon épaule, quelqu'un veut vraiment que je me réveilles. C'est peut-être important. Qu'est-ce qui se passe, déjà? Luttant pour décoller mes paupières, j'arrives à entre-ouvrir un oeil. Mauvaise idée, l'étau migraineux qui enserre ma tête se resserre d'un tour et me fait grimacer.
"Sakura..."
J'ouvres une nouvelle fois les yeux, et je vois le visage calme de Sai juste au-dessus de moi. C'est quelque part apaisant de le regarder... Mon esprit encore embrumé  m'envoye des signaux d'alerte, mais je suis trop engourdie pour percuter ce qu'il essaye de me dire. Je me contentes de regarder Sai. J'essaye de me relever un peu, mais mes mains et mes pieds sont attachés... Pourquoi donc? Qu'est-ce qui s'est passé, déjà?

Sai me fait un petit sourire  embarrassé. D'elle-même, mes lèvres sourient en réponse.
Sai: " Tu te réveilles enfin, Sakura. "
Enfin? Comment ça? Alors que j'émerge de plus en plus, l'agression de tout à l'heure me revient brutalement en mémoire et j'ai un réflexe de sursaut. J'essayes de me relever, mais mes muscles refusent de m'obéir convenablement. Un effets secondaires des drogues énergétiques. Sai continue tranquillement: " Je savais déjà que tu étais une marmotte... mais là, tu as déjà dormi pendant 12 heures."
Je le regardes un peu hébétée, refusant de croire le chiffre qu'il m'annonce.
Sai: " Tu t'es évanouie et tu as dormi d'une traite 12 heures. ça fait un bon quart d'heure que j'essayes de te réveiller. "
S'il le dit, ça doit être vrai... Et en plus, c'est parfaitement possible.
Sakura: " C'est un effet secondaire de certaines pilules énergétiques."

Je suis maintenant aussi consciente qu'on peut l'être avec une migraine épouvantable et je regardes l'environnement extérieur pour comprendre où je suis. Visiblement, je suis sur un lit, dans une des chambres que je me souviens avoir visité, il y a quelques temps, avec Sai. Il y a quelques affaires de dessins installées ça et là, du linge exclusivement noir qui sèche dans un coin, et ... ma tête dessinée en grand sur le mur à coté de moi. Je regarde longtemps mon visage sur le mur, essayant de donner un sens à ce que je vois, mais je suis trop vaseuse pour arriver à aligner deux idées à la suite. Je me tournes de nouveau vers Sai, qui m'a l'air un peu inquiet.
Sai: " Il te plait, ce dessin?"
Sakura: " Je ne le vois pas bien, mais il a l'air joli."

Le silence se prolonge dans la pièce. La situation me semble un peu irréelle. Si je n'avais pas aussi mal au crâne, je pourrais croire que je rêves. J'ai retrouvé Sai. Il est là, juste à coté de moi. Tout simplement à coté de moi. Il n'a pas l'air d'avoir changé.... Si je n'avais pas les pieds et les mains attachées et un bandage sur ma blessure à la jambe, je pourrais me croire tranquillement dans la chambre de Sai à passer la soirée. D'ailleurs, je suis attachée, certes, mais je ne vois personne d'autre que Sai pour me garder. Et je suis toujours vivante....
Sakura: " Sai. Qu'est-ce qui va m'arriver? "
Sai me regarde en silence, puis il détourne ses yeux avec un air un peu embarrassé.
Sai: " Je ne sais pas. En fait, je n'ai pas prévenu la bande d'Orochimaru que tu t'étais infiltré ici, ni que je t'avais capturée. En fait, personne ne sais que tu es là. "

Ah? Qu'est-ce que je dois comprendre?
Sai: " Donc... si tu pouvais être discrète, ça m'aiderais."
Sakura: " Si j'avais les mains libres, je suis sure que je me tiendrais tranquille."
Sai a un grand sourire: " Je n'ai pas envie de prendre des baffes."
Sakura: " Alors qu'est-ce que tu veux, au juste?"
Sai se tait, mais je commences à avoir l'esprit un peu plus clair et je ne le laisses pas se défiler comme ça.
Sakura: " Et pourquoi un de tes petits animal d'encre était...?"
Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase, sa main se pose sur ma bouche pour me faire taire, doucement. Sai me fait un petit sourire.
Sai: " Je préfères que tu ne parles pas de ça. "
Qu'est-ce que je le dois comprendre? Qu'il cache des choses à Orochimaru et sa bande? Sa main posée sur mes lèvres est chaude, ses doigts sur ma joue sont doux... je ne dois pas me laisser attendrir, je sais, mais comme ça, au réveil, prise au dépourvue, j'ai du mal à lui en vouloir. Avec ma langue, je lèches ses doigts. Il les retire, surpris.
Sakura: " Pourquoi? Explique moi."
Sai: " Je ne peux rien dire, Sakura, j'ai des ordres."

Des ordres? Des ordres de qui? des ordres de quoi? ça m'énerve de ne rien comprendre. Un peu agacée, je commences à m'agiter et je tires sur mes liens. Mais la douleur lancinante dans ma tête me fait retomber sur l'oreiller assez vite.
Sakura: " Alors dis-moi au moins ce que tu veux faire de moi!"
Sai: " Shh, ne crie pas.  Je ne sais pas.  Si je veux garder ma couverture ici, je devrais te livrer à Orochimaru... Mais..."
Comme son visage est expressif, depuis que je me suis réveillée! Comme pour s'opposer à l'indifférence glaciale avec laquelle il m'avait abandonné, les émotions affleurent doucement sur son visage... est-ce sincère? Est-ce pour me tromper? Est-ce vraiment de la tristesse et de l'inquiétude que je lis dans ses yeux actuellement?
Sai: " Je ne veux pas te livrer. "
Ses doigts caressent doucement ma joue, alors qu'il me fait un petit sourire triste. Mon coeur s'affole à ce simple contact, mais je résistes. Je tournes la tête vers le mur. Je ne veux pas me laisser abuser une nouvelle fois. Je ne vois plus Sai, juste ce mur de pierre avec mon visage dessus. Ce visage me fait mal rien qu'à le regarder. Je ne veux pas croire qu'il pensait à moi au point de me dessiner sur le mur, je ne veux pas imaginer que je lui manquais autant qu'il me manquait, à moi. Sai ne dit rien. Il ne bouge plus. Je me rappelles bien qu'il n'est pas toujours à l'aise dans les relations humaines. Si je coupes moi-même le contact, il ne saura pas comment le renouer. Est-ce que je veux couper le contact, vraiment? Alors que c'est ma seule chance?

Toujours sans le regarder, je relances la communication: " Sai.... C'est quoi, ton vrai nom?"
Alors que je voulais tant le revoir, alors qu'il me manquait tellement, alors qu'on s'est enfin retrouvé... ce serait bête de ne pas se parler. De ne pas se redonner une chance...
Sai: " Je n'ai pas de nom."
Je le regardes, surprise. Pas de nom?... Pas d'identité, pas de personnalité... un Ninjas selon Danzo, évidemment.
Sakura: " Alors... je dois t'appeler comment?"
Sai: " Sai. Continue de m'appeler Sai. C'est comme pour mes dessins, tu leur donnes un nom.. et moi, tu m'appelles Sai."
Malgré moi, je me mets à sourire. Sai a l'air rassuré, et il me sourit en retour, puis il me caresse de nouveau la joue doucement. C'est agréable, je me sens un peu détendue et cette fois, je ne me détournes pas. Sai s'enhardit et se penche vers moi. Je me sens prêtes à céder, mais je le stoppes en appuyant mes deux mains attachées sur son épaules.
Je lui chuchotes: " Sai.... Depuis le début... Est-ce que tout était un mensonge?"
Il n'a pas l'air de comprendre.
Sakura: " Je veux dire... toi et moi..."

Sai a soudain un réflexe de recul. La lame d'une épée effleure son cou et vient s'interposer entre moi et lui, le tenant en respect. Le propriétaire de l'épée assène d'une voix sourde: " Ne touches pas à Sakura."
Cette voix.... Je me sens touché en plein coeur. Cette voix, même si elle est plus grave, plus profonde qu'avant , je la reconnais. Il me suffit de tourner les yeux pour obtenir la confirmation.
Sakura: " Sasuke."

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